Le Real Madrid tâtonne : le retour au 4-4-2, un pansement ou une refonte stratégique ?
Le théâtre du football madrilène a vu un retour aux sources ce dimanche soir. Carlo Ancelotti, tacticien chevronné, a délaissé son 4-3-3 habituel pour réadopter le 4-4-2 qui avait pavé de succès la saison précédente. Cette décision, survenue peu de temps après la désillusion européenne et à l'aube d'un Clasico brûlant en finale de Coupe du Roi, soulève une myriade de questions. Simple ajustement conjoncturel ou véritable inflexion stratégique ? L'avenir proche du Real Madrid semble suspendu à cette interrogation.
La tentation est grande de lier ce changement de système à l'absence de Kylian Mbappé. Pourtant, l'historique récent nuance cette hypothèse. Lors de précédentes indisponibilités du prodige français, ou même de celles de Vinicius Junior et Rodrygo, Ancelotti avait maintenu son 4-3-3 érigé comme pierre angulaire de son dispositif depuis le mois d'août. Ce soudain revirement tactique interroge d'autant plus qu'il intervient à un moment charnière de la saison.
Naturellement, cette réorganisation des pions sur l'échiquier madrilène ne manquera pas d'engendrer des gagnants et des perdants. En Espagne, les regards se tournent en premier lieu vers Rodrygo Goes. L'ailier brésilien, muet face aux filets depuis fin janvier, apparaît comme la victime collatérale de l'ajout d'un milieu de terrain supplémentaire. Dans un schéma à deux attaquants, la concurrence féroce incarnée par un Vinicius Junior capable de fulgurances et un Mbappé, meilleur buteur de l'équipe, le relègue potentiellement à un rôle plus secondaire.
La situation d'Endrick, jeune pépite en quête de temps de jeu, pourrait également se complexifier. L'hypothèse d'un système à deux pointes réduit mécaniquement les opportunités en attaque. À l'inverse, l'émergence d'un joueur comme Arda Güler pourrait être favorisée si Ancelotti perçoit en lui la capacité d'occuper un rôle au sein d'un milieu à quatre. Son profil créatif et sa qualité de passe pourraient s'avérer précieux dans cette nouvelle configuration.
Le secteur défensif n'est pas exempt de conséquences. Le retour au 4-4-2 semble obscurcir l'horizon de Lucas Vazquez pour cette fin de saison. Déjà devancé par la polyvalence et la solidité défensive de Fede Valverde dans l'esprit d'Ancelotti, le rôle crucial des latéraux dans ce système, exigeant une grande discipline tactique et une capacité à couvrir de longues distances, pourrait le marginaliser davantage. Le positionnement de Camavinga au poste d'arrière gauche face à l'Athletic Bilbao, au détriment de Fran Garcia, illustre parfaitement cette nouvelle donne et la prime accordée aux profils athlétiques et défensifs sur les ailes.
Alors, simple coup tactique pour pallier une absence de taille et aborder au mieux un Clasico couperet, ou véritable intention de modifier en profondeur l'approche du Real Madrid pour cette fin de saison ? Seuls les prochains matchs apporteront une réponse définitive. Ce retour au 4-4-2 ressemble pour l'instant à une phase d'expérimentation, une remise en question des certitudes face aux défis qui se dressent. Ancelotti, fin stratège, explore peut-être une nouvelle voie pour revitaliser son équipe et surprendre ses adversaires dans la course aux titres restants. Mais à quel prix pour certains de ses joueurs ? La réponse s'écrira sur le terrain, au fil des prochaines batailles.